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La France nouvelle : principes de la communauté

Les Principes de la Communauté désignent la ligne de conduite morale et politique que se fixe le nouveau régime. Au nombre de seize, ces principes, constituaient, parallèlement à la nouvelle constitution de l’État français, un symbole fort de la Révolution nationale voulue par le Maréchal.


Véritable catéchisme civique, le texte des seize principes fut affiché dans les mairies et les écoles à partir de la fin 1941.

Pour l’élaboration de ces principes, le Maréchal se souvenait que Louis XVI avait différé la promulgation de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen car il estimait qu’il n’y avait pas de droits sans devoirs et l’abbé Grégoire était également intervenu en vain dans le même sens auprès de l’Assemblée Constituante : « Il est principalement essentiel de faire une déclaration des devoirs pour maintenir les hommes dans les limites de leurs droits ; on est toujours porté à les exercer avec empire, toujours prêt à les étendre ; et les devoirs, on les néglige, on les méconnaît, on les oublie ».

Le Maréchal a rédigé ces principes en concertation avec le Pape Pie XII, pour bien montrer son souci d’avoir l’aval de la plus haute autorité morale de son temps, en ne donnant pas prise à une idéologie. Ces deux autorités ont donc concilié, dans ces principes, les notions de droits et de devoirsen en assurant un juste équilibre.

Les seize principes

I – L’homme tient de la nature ses droits fondamentaux, mais ils ne lui sont garantis que par les communautés qui l’entourent : la Famille qui l’élève, la Profession qui le nourrit, la Nation qui le protège.

II – Reconnaître à l’homme des droits sans lui imposer des devoirs, c’est le corrompre. Lui imposer des devoirs sans lui reconnaître des droits, c’est l’avilir.

III – La liberté et la justice sont des conquêtes. Elles ne se maintiennent que par les vertus qui les ont engendrées : le travail et le courage, la discipline et l’obéissance aux lois.

IV – Les citoyens doivent travailler à rendre la société toujours meilleure. Ils ne doivent pas s’indigner qu’elle soit encore imparfaite.

V – L’esprit de revendication retarde les progrès que l’esprit de collaboration réalise.

VI – Tout citoyen qui cherche son bien propre hors de l’intérêt commun, va contre la raison et contre son intérêt même.

VII – Les citoyens doivent à la Patrie leur travail, leurs ressources et leur vie même. Aucune conviction politique, aucune préférence doctrinale ne les dispensent de ces obligations.

VIII – Toute communauté requiert un chef.

Tout chef, étant responsable, doit être honoré et servi. Il n’est pas digne d’être un chef dès qu’il devient oppresseur.

IX – L’État a pour fins la sécurité, le bonheur et la prospérité de la Nation.

Il doit au criminel le châtiment, à l’innocent la protection, à tous la souveraineté des lois.

Ces hauts devoirs définissent sa mission. Il ne l’accomplit qu’en exerçant l’autorité dans la justice.

X – L’État doit être indépendant et fort.

Aucun groupement ne peut être toléré, qui oppose les citoyens les uns aux autres, et tend à ruiner l’autorité de l’État.

Toute féodalité met en péril l’unité de la Nation. L’État se doit de la briser.

XI – L’État demande aux citoyens l’égalité des sacrifices : il leur assure en retour l’égalité des chances.

XII – L’École est le prolongement de la Famille.

Elle doit faire comprendre à l’enfant les bienfaits de l’ordre humain qui l’encadre et le soutient. Elle doit le rendre sensible à la beauté, à la grandeur, à la continuité de la Patrie. Elle doit lui enseigner le respect des croyances morales et religieuses, en particulier de celles que la France professe depuis les origines de son existence nationale.

XIII – Ni la naissance ni la fortune ne confèrent le droit au commandement.

La vraie hiérarchie est celle du talent et du mérite.

XIV – L’économie d’un pays n’est saine que dans la mesure où la prospérité des entreprises privées concourt au bien général de la Communauté.

XV – La fortune n’a pas seulement des droits ; elle a aussi des devoirs proportionnés aux pouvoirs qu’elle confère.

XVI – L’État délègue à ses fonctionnaires une part de son autorité et leur fait confiance pour l’exercer en son nom ; mais pour cette raison même, il punit leurs défaillances avec une sévérité exemplaire.


  1. Dans Le temps des illusions, p. 96, Du Moulin de Labarthète rapporte que Philippe Pétain avait confié à son entourage : « Ce sentiment, il me l’a donné, et de la façon la plus stupéfiante. J’avais mis l’accent sur les devoirs de l’homme. Le Pape n’a pas hésité à rétablir la notion de droits ».